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Illustration : Yves Schwarzbach. DR
Illustration : Yves Schwarzbach. DR

Par Bartolomeu.

La crise de l’Euro, induite par la fragilité de la Grèce est elle une eurocrise ?
L’échec du putsch du Comité d’État pour l’état d’urgence le 19 août 1991 à Moscou signait la naissance de la CEI, Communauté des États indépendants, à laquelle quelques généraux venaient timidement de s’opposer par la force, et la fin de l’Histoire dira trois mois plus tard Francis Fukuyama après la chute du mur de Berlin.

Ce putsch fût soutenu durant trente six heures par la France. François Mitterrand avait compris que Fukuyama se trompait un jour, que l’éclatement de l’empire soviétique ouvrait la voie de la réunification allemande. Que la redistribution des cartes rendrait le pouvoir à Berlin et déplacerait ainsi le centre de l’Europe vers l’Est.

Les deux pays continuèrent de porter l’Europe. Kohl et Mitterrand poursuivant l’œuvre de Giscard d’Estaing et de Schmidt. Ainsi le Serpent Monétaire Européen, réplique positive du séisme américain du 15 août 1971 qui mettait officiellement fin aux accords de Bretton Woods, devînt plus tard le Système Monétaire Européen qui donna naissance à l’E.C.U., European Currency Unit, dont le fonctionnement permit de passer ensuite à la monnaie unique, l’€uro.

Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand avaient en commun la volonté de dominer l’Histoire en ancrant résolument la France et l’Allemagne dans une Europe nouvelle. Le premier parce que l’idée qu’il se faisait de l’avenir l’avait conduit à considérer la France comme un petit pays, le second parce qu’il avait perçu très tôt que l’Allemagne continuerait à vouloir être un (trop) grand pays.

La chute du Mur ouvrit brutalement l’élargissement de l’Europe vers l’Est, plaçant les pères fondateurs devant une question qui n’admettait qu’une seule réponse. Accueillir tous ceux qui pourraient se tourner vers la Russie.

Voici comment la France a vu s’échapper vers l’est l’alliée née du Traité de l’Elysée, signé le 22 janvier 1963 avec la République fédérale d’Allemagne par le Général de Gaulle et le Chancelier Adenauer, qui scellait la réconciliation entre les deux pays et posait les fondements d’une paix durable en Europe.

Voilà pourquoi, l’Histoire obligeant à la précipitation, nous eûmes une monnaie commune et que nous avons, toujours, des budgets nationaux, ignorant superbement que Fukuyama se trompait. Au point d’avoir rangé dans les greniers de la théorie économique tout retour possible a une dépression économique de grande ampleur. Oubliant Friedrich Hayek qui affirmait que « la monnaie est le facteur causal des crises et de l’instabilité économique ». Il faut dire que les politiques monétaires n’étant plus contrôlées depuis plusieurs lustres les patrons des banques centrales sont devenus, peu à peu, les maîtres du monde. Les mémoires de Jean-Claude Trichet, le jour venu, n’auront rien à envier à celles d’Alan Greenspan pour nous faire admettre que ces titres ne sont pas usurpés. Et pour comprendre l’effondrement concomitant du rôle de l’Etat dans les pays développés.

C’est tout cela qu’il faut ce matin avoir à l’esprit pour apprécier à sa juste valeur l’accord auxquels sont parvenus, hier soir, la Chancelière allemande et le Président français.

Résumons :
· Intervention de l’Union en dernier recours, après avoir purgé toutes autres possibilités.
· Les taux des prêts, conditionnels (« fortes conditionnalités ») c’est-à-dire soumis à des obligations drastiques de politique budgétaire, seront fixés à « l’unanimité » des Etats membres de la zone €uro et devra résulter d’une « tarification adéquate du risque ». Autrement exprimé : l’Allemagne disposera d’un droit de veto.
· L’octroi des prêts sera soumis à l’intervention préalable du F.M.I. à hauteur d’un tiers des besoins, solution que venait de rejeter à l’unanimité les autres pays de la zone €uro.

« La zone euro prend son destin en main « grâce à ce « mécanisme pour gérer les crises », a commenté le Président français, parlant « d’un pas majeur ».

Le chef du gouvernement grec, Georges Papandréou, dont le pays est confronté à une crise budgétaire sans précédent, a jugé l’accord européen « très satisfaisant ».

La Chancelière allemande Angela Merkel s’est déclarée « très satisfaite » de l’accord par les pays de la zone euro sur un plan de sauvetage de la Grèce applicable en cas « d’urgence exceptionnelle ».

On pourrait donc croire qu’il ne s’est rien passé en ce jeudi du mois de mars.

Pourtant une décision a été prise à Francfort. Une décision technique de la Banque Centrale Européenne particulièrement favorable à la Grèce. Dans le cadre de sa politique de soutien la BCE va prolonger, au-delà de 2010, l’assouplissement aux banques pour leur prêter des liquidités. La Banque centrale va continuer à accepter les obligations grecques malgré leur mauvaise notation. Un véritable ballon d’oxygène pour les banques grecques de plus en plus dépendantes de la BCE.

L’agence de cotation Moody’s qui jugeait jeudi soir que « bien que positif, l’accord européen avait peu d’impact sur les perspectives négatives de la note de la Grèce » se félicitait ce matin de la décision prise par Jean-Claude Trichet : « le maintien des règles annoncé par la BCE réduit les risques de liquidités », en Grèce.

Maîtres du monde? De l’Europe sûrement.

Tag(s) : #Economie, #Bartolomeu
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