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Par Modestus van Gulden
On dit que les promesses des dirigeants politiques n’engagent que ceux qui y prêtent foi. On dit aussi que l’actualité chasse l’actualité et que la mémoire, trop sollicitée fait défaut. Soit.
Le concert d’indignation vertueuse et de sincère incompréhension en marge du non-sommet de Cannesavait-il pour but de témoigner de l’attachement des Européens à la stabilité de l’Euro, de rassurer des marchés qui ne sont pas dupes, ou à endormir les opinions publiques qui doutent plus que jamais de la capacité de leurs dirigeants à trouver des solutions de sortie de crise ?
L’annonce d’un possible référendum en Grèce a surpris mais ne pouvait pas surprendre : elle était non seulement inévitable au plan politique et social mais encore publiquement annoncée depuis quatre mois et demi. Ainsi la très sérieuse édition en ligne du Figaro Economie publiait, en date du 19 juin 2011, un long article sur le sujet. Je cite : Le gouvernement grec en appellera au peuple. Le premier ministre Georges Papandréou a annoncé ce dimanche devant le Parlement «qu’à l’automne, nous nous dirigerons vers un référendum sur les grandes réformes engagées dans ce pays». On lit plus loin : Angela Merkel a apporté son soutien à Georges Papandréou : «Il se bat pour que la Grèce respecte ses engagements, nous le soutenons. (…) Il serait souhaitable que l’opposition grecque apporte son soutien au gouvernement.»
Dont acte. Le référendum grec n’était donc pas une surprise.
L’annonce de la chute de Dexia a surpris mais ne pouvait pas surpendre. Le même quotidien en ligne publiait, le 10 octobre 2011, un autre article intitulé «Le patron de Dexia défend son bilan». On y lit notammant : Pierre Mariani a rappelé que l’ensemble des banques avait reçu des recommandations gouvernementales, exigeant qu’elles conservent leurs expositions à la dette des États européens périphériques afin de ne pas déstabiliser davantage ces pays. «Le groupe a peut-être fait preuve de naïveté en suivant ces recommandations», a-t-il concédé. Le même Pierre Mariani, administrateur délégué, a perçu un bonus de 600.000 € en avril 2011. La banque avait subi avec succès le stress test européen de juillet dernier.
Dont acte. Ni le rôle de quasi structure de cantonnement d’actifs à risques joué par Dexia, ni la chute, ni la nationalisation de la banque franco-belge, n’étaient des surprises.
Le président français et la chancelière allemande, l’un en mal de parti présidentiel, l’autre liée par le vote du Bundestag, tancent le premier ministre italien, pays dont le président des Etats Unis nous dit qu’il est – comme naguère Lehman Brother, Freddie Mac et Fannie Mae – too big to fall. La Société Générale, dont le bénéfice net a chuté de 31% au T3 et qui provisionne une décote de 60% de ses actifs en dette grecque, indique qu’elle ne distribuera pas de dividende. Monsieur Fillon joue son rôle face à la baisse du rendement de l’impôt, impacté par la récession, et annonce le relèvement du taux de TVA sur la restauration et les travaux du bâtiment. Fitch nous dit que Kommerzbank pourrait avoir besoin d’argent public pour se recapitaliser et les Pays Émergés attendent le moment opportun pour agir. Rien de tout cela ne surprend.
La Grèce connait des grèves générales à répétition mais les manifestations contre la rigueur ne mobilisent pas en France et les indignés sont quelques dizaines à la Défense. La France est calme, trop calme.
© Modestus van Gulden, novembre 2011. Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur.