Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Illustration ITeM info. DR.
Illustration ITeM info. DR.

Vincent Chriqui (photo), directeur général du Centre d’analyse stratégique, s’interrogeait hier sur le sujet majeur des prochains mois, échéances électorales trans et cis-atlantiques ou pas : «comment retrouver le chemin de la croissance, dans un cadre national marqué en particulier par la rareté des ressources publiques ?».

C’est en effet la pertinence du cadre national – sinon nationaliste – qui est en question, mais ni plus ni moins que la dette cumulative des Etats,

la politique monétaire de la BCE, qui a si longtemps privilégié la lutte contre l’inflation par rapport à la croissance, ou encore l’action de la FED, qui continue à alimenter la crue du «fleuve dollar». Ou encore les quelques 120 banques américaines de petite taille qui ont fait faillite en 2010. Ou enfin la décision, ô combien légère, de ne plus publier les agrégats monétaires dans un régime de changes flottants quasi généralisés, tant et si bien que personne ne sait plus combien de monnaie circule dans le monde.

Pour autant, une Europe qui rappellerait l’évidente nécessité de cohérence des politiques budgétaires et fiscales autant que l’indispensable respect des critères de convergence, serait-elle crédible ? Le piteux épisode des stress tests, franchis, nous avait-on dit cet été, avec brio par toutes les banques européennes hormis quelques Caisses d’épargne espagnoles, sonne le glas de la confiance dans les institutions européennes. Et la défaillance des plus fragiles des banques irlandaises n’est peut-être qu’un prélude : fragiles, elles aussi, certaines banques néerlandaises, fragiles les banques françaises, bien plus exposées qu’on ne le dit au risque grec. Fragiles les banques anglaises, car manquant de prudence, comme le notait le Financial Times.

La crise systémique – systémique car financière, économique, monétaire, sociale – révêlée en 2007 et depuis lors auto-entretenue a certes mis en évidence la nécessité d’élargir la gouvernance économique mondiale bien au delà du G8, dont les sommets depuis lors ont démontré leur capacité de procrastination plutôt qu’une calme résolution.

Mais en est-il encore temps ? L’imperfection des marchés financiers autant que l’inachêvement des espaces monétaires intégrés, le poids croissant des économies hors OCDE, dont la Chine n’est que la partie la plus visible, les enjeux de partage des ressources – toutes les ressources, à commencer par les plus vitales comme l’eau, l’air et l’énergie – ont d’ores et déjà modifié la gouvernance mondiale. La régulation des marchés, la mise en oeuvre des nouveaux ratios prudentiels de Bâle III, la taxe sur les banques, l’interdiction de certains produits à terme ne suffiront peut-être pas à sauver l’Europe.

Surtout, le débat sur la gouvernance mondiale laisse curieusement de côté la réforme de l’entreprise. Certes – et heureusement, le renforcement du contrôle de la Commission européenne et des autorités de régulation de la concurrence constituent des progrès. La clarification apportée en France sur le régime des sanctions des pratiques anti-concurrentielles en fait partie. Il ne peut en effet y avoir de véritable concurrence – ni donc d’efficience des marchés – en situation d’oligopole, sinon de monopole. Certes, faut-il saluer la très pertinente note d’analyse du CAS : Participation des salariés et performance sociale, d’autant plus que l’expérience d’ESSILOR montre qu’un groupe multinational coté peut améliorer sa performance économique et financière en associant ses salariés à son capital.

Autant que d’une nouvelle et urgente gouvernance, autant que de la généralisation des modèles expérientaux des territoires «en transition», c’est d’une redéfinition des fondammentaux de l’entreprise dont l’économie mondiale a besoin.

Modestus van Gulden

Pour en savoir plus

  1. Colloque « Nouveau monde, nouveau capitalisme » (cliquez sur l’image)
  2. Le manifeste des Economistes atterrés
Tag(s) : #Economie, #Van Gulden
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :