Parking évolutif à Montpellier

Il y a comme une sorte de provocation dans la simple intention de construire un parking-silo alors que l’écomobilité amène à réduire le nombre de véhicules et le nombre de places de stationnement en ville. Comment transformer un bâtiment perçu comme on ne peut plus utilitaire en symbole de la cité bas carbone, et convertir ce qui pourrait apparaître comme un temple dédié à l’automobile en un pilier du développement durable ? C’est le pari un peu fou de la Société d’Equipement de la Région Montpelliéraine (SERM) pour le nouveau parking de la gare de Saint-Roch à Montpellier. Un défi relevé avec brio par Carmen Santana et l’agence barcelonaise Archikubik, qui réunit dans un même opus une œuvre d’architecte qui sait ce qu’urbanisme veut dire, et un parti pris d’urbaniste qui sait construire. Résultat : une rencontre du troisième type sous le soleil de Montpellier, qui transfigure un quartier longtemps délaissé. Un choc culturel aussi, dans un pays qui, contrairement à l’Allemagne, snobe les parkings silos urbains. Innovation, intelligence et intégration sont les maîtres mots de ce projet singulier. Bref, « un bâtiment approprié au moment historique que nous vivons » comme le dit Carmen Santana, histoire de montrer qu’on peut aujourd’hui réaliser le rêve de tout constructeur : beau, vite et pas cher. Surtout, une leçon d’humilité, en laissant aux générations future le soin de le compléter ou de le détourner. Mais parler de cet ouvrage hors normes amène à évoquer aussi bien le présent que l’avenir. Au sens propre, à Saint-Roch, l’avenir c’est maintenant. Yves Schwarzbach