/image%2F0293783%2F20141026%2Fob_1ed540_sybil-cosnard-35x45.jpg)
Sybil Cosnard est titulaire d’un DESS «Maîtrise d’ouvrage des projets urbains» de l’institut d’Urbanisme de Paris XII et diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure du Paysage de Versailles. Après avoir travaillé à l’EPA de Cergy-Pontoise et à l’AFTRP, elle devient Directrice Générale chargée du Développement Urbain à la Ville d’Evry puis Directrice Stratégies Urbaines et Acquisition pour le groupe de promotion immobilière ING Real Estate. Elle crée l’agence City Linked en 2010, membre du réseau ITeM urban intelligence.
ITeM Info : La fabrique urbaine doit prendre en compte de plus en plus de contraintes techniques, réglementaires, financières, etc… mais aussi redonner sa place à l’humain. Comment imaginer les stratégies urbaines du XXIe siècle ?
Sybil Cosnard : Les stratégies actuelles doivent être pragmatiques et innovantes au regard des contraintes évoquées dans votre question. Pragmatiques quant au fait de proposer des projets de qualité et économiquement raisonnables, et innovantes parce qu’il faut tenir cette qualité dans une économie raisonnée. Il y a néanmoins un vrai travail à conduire collectivement sur la maîtrise des prix des fonciers, les conceptions de programmes mixtes et la définition des logements et bureaux de demain. Par ailleurs, la concertation et la communication auprès des utilisateurs et habitants de la ville me paraît être un sujet à mieux intégrer dans nos stratégies urbaines.
ITeM Info : Architectes, urbanistes, paysagistes, maîtres d’ouvrages urbains, conçoivent chaque jour le cadre de vie quotidien. N’y a-t-il pas un paradoxe à constater que, à la différence des desginers, ingénieurs et marketeurs de l’industrie, les acteurs de la ville continuent à raisonner sur des concepts abstraits, sans donner la parole à l’utilisateur final ?
Sybil Cosnard : Les acteurs de la ville ne raisonnent plus sur des concepts abstraits. Chacun est confronté à une réalité économique et à une exigence en termes de solutions dans lesquelles l’utilisateur est au contraire, très présent au cœur du dispositif des projets. Bureaux et logements sont aujourd’hui construits aux seules conditions de trouver les utilisateurs et occupants. Le développement durable a par ailleurs mis «l’humain» au cœur du dispositif de production de la ville.
ITeM info : Vous avez une double expérience de dirigeant public, comme directrice de la stratégie urbaine en collectivité locale, et dans le privé, chez un promoteur. Comment voyez-vous évoluer le dialogue public-privé dans le champ urbain ?
Sybil Cosnard : La crise économique a eu pour effet d’améliorer le dialogue entre le public et le privé dans l’aménagement urbain. Elle a apporté plus de transparence chez les opérateurs privés et donc moins de défiance de la part des acteurs du secteur public. On constate aujourd’hui un intérêt marqué pour les collectivités à optimiser les partenariats amont avec les opérateurs privés afin de travailler au plus juste la programmation, les éléments financiers et surtout respecter un calendrier opérationnel ralenti de manière générale du fait de la crise. Les grés à grés, les PPP, les consultations ouvertes à des aménageurs privés sont des actions qui traduisent cette évolution du dialogue public-privé dans le champ urbain.
Interview réalisée le 3 janvier 2010. © La Lettre ITeM info, janvier 2010.